Alors que le cyclisme français vit un âge d’or sur les routes du monde entier, porté par des champions comme Julian Alaphilippe ou Pauline Ferrand-Prévot, la Fédération Française de Cyclisme (FFC) fait face à des défis structurels majeurs.
Un rapport récent de la Cour des Comptes, publié en février 2025, dresse un bilan en demi-teinte de son action : des réussites incontestables en matière de gestion sportive, mais aussi des faiblesses financières et organisationnelles qui pourraient fragiliser son avenir.
Comment concilier excellence sportive et pérennité économique ? Pourquoi la FFC, contrairement à la Fédération Française de Tennis (FFT), ne bénéficie-t-elle pas des retombées d’un événement phare comme le Tour de France ?
À travers l’analyse de ce rapport et des entretiens avec des acteurs clés, plongeons dans les coulisses d’une institution en quête d’équilibre.
Les enseignements du rapport de la Cour des comptes : Entre reconnaissance et mises en garde
Une gestion sportive saluée, mais des faiblesses financières préoccupantes
La Cour des Comptes reconnaît que la FFC exerce « avec qualité et volonté » sa mission de délégataire public. Preuve en est : l’organisation réussie de 15 championnats nationaux en 2023, malgré des protocoles sanitaires complexes, et une hausse de 12 % du nombre de compétitions locales depuis 2020. Pourtant, derrière ces succès se cache une réalité moins glorieuse : un résultat d’exploitation déficitaire de 1,2 million d’euros en 2023, après plusieurs années de fragilités budgétaires.
Pourquoi un tel écart entre performance sportive et santé financière ? La réponse réside en partie dans la structure même des revenus de la FFC. Contrairement à la FFT, qui tire 40 % de ses ressources des Internationaux de Roland-Garros, la FFC ne possède aucun droit sur le Tour de France, détenu par l’ASO (Amaury Sport Organisation). Un manque à gagner colossal quand on sait que l’épreuve génère entre 150 et 200 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
« Imaginez si la FFT ne touchait rien de Roland-Garros… Elle ne pourrait pas financer ses 1 200 clubs ni ses programmes de détection. C’est pourtant le quotidien de la FFC avec le Tour de France », explique Philippe Dupont, ancien trésorier d’un comité régional de cyclisme.
La question de la parité : Un retard persistant
Avec seulement 18 % de licenciées féminines en 2024, la FFC peine à incarner la diversité promue par les pouvoirs publics. Un paradoxe dans un pays où le Tour de France Femmes a attiré 23 millions de téléspectateurs en 2023.
La Cour des Comptes souligne ici un « manque de stratégie claire » pour féminiser les clubs, malgré des initiatives ponctuelles comme le programme « Elles Cyclent ».
Lors d’une récente visite au Vélo Club de Roubaix, j’ai constaté cette disparité : sur 150 adhérents, seulement 25 étaient des femmes. « On organise des ateliers mécanique réservés aux femmes, mais c’est dur de briser les stéréotypes », confie Lucie, responsable du club.
Les 7 recommandations de la cour des Comptes : Une feuille de route pour 2025-2030
Renforcer l’éthique et la transparence
La première recommandation vise à améliorer la communication autour du comité fédéral d’éthique, encore méconnu des licenciés. Un enjeu crucial après les scandales de dopage ayant touché deux équipes juniors en 2024.
Optimiser les contrats de développement
La Cour demande un bilan annuel des contrats de performance signés avec les clubs. Objectif : mieux évaluer l’impact des subventions (en moyenne 8 000 € par club) sur le recrutement de jeunes.
Mettre en conformité les comptes
En 2023, 30 % des comités régionaux présentaient des irrégularités comptables. La FFC devra adopter d’ici juin 2025 une nomenclature financière unifiée, inspirée du modèle de l’UCI.
Contrôler les Comités Régionaux
Avec un endettement cumulé de 4,7 millions d’euros dans les régions, la FFC est appelée à durcir son contrôle sur les budgets locaux. Une nécessité pour éviter des situations comme celle du Vélo Club Lyon, placé en redressement judiciaire en 2024.
Clarifier les relations avec la filiale FVE
La filiale France Vélo Événements (FVE), chargée d’organiser les championnats, affiche une opacité inquiétante. La Cour exige la publication d’un pacte d’actionnaires avant fin 2025.
Établir un plan stratégique quinquennal
Sans vision à long terme, la FFC navigue à vue. Le futur plan devra intégrer des objectifs chiffrés, comme porter à 25 % la part de femmes licenciées d’ici 2030.
Rationaliser la trésorerie
Avec une trésorerie nette de 3,4 millions d’euros (contre 5,1 millions en 2020), la FFC doit éviter de puiser dans ses réserves. La Cour propose un suivi mensuel détaillé, calqué sur le modèle de l’UCI.
Le modèle ASO vs FFT : Pourquoi la FFC ne bénéficie pas du tour de France ?
Un héritage historique lourd
Créé en 1903 par le journal L’Auto (ancêtre de L’Équipe), le Tour de France a toujours été une propriété médiatique, jamais sportive. Contrairement à Roland-Garros, né en 1891 sous l’égide directe des clubs de tennis.
ASO, filiale du groupe Amaury, détient ainsi 100 % des droits du Tour, générant des revenus issus à :
- 60 % des droits TV (dont 40 millions annuels de France Télévisions).
- 25 % du sponsoring (marques comme Škoda ou Carrefour).
- 15 % des villes-étapes (entre 150 000 et 500 000 € par ville).
Les conséquences pour la FFC
Privée de ces ressources, la FFC dépend à 70 % des subventions publiques (État, collectivités) et des licences (23 € en moyenne par an). Un modèle précaire, comme le montre l’échec du projet de Haute-Savoie Arena en 2024 : sans le soutien de l’ASO, la FFC n’a pu réunir les 93 millions nécessaires.
Perspectives d’avenir : Comment renforcer l’indépendance financière ?
S’Inspirer de l’UCI et du Modèle Gravel
L’Union Cycliste Internationale (UCI) montre la voie avec des innovations comme la Série Mondiale Gravel, dont les droits médias ont rapporté 4 millions en 2023. La FFC pourrait développer des épreuves hybrides (vélo urbain, gravel) pour attirer de nouveaux sponsors.
Capitaliser sur le vélo loisir
Avec 9 millions de Français pratiquant le vélo hebdomadairement, la FFC doit sortir du « tout compétition ». Des partenariats avec des acteurs comme Decathlon ou Strava pourraient monétiser cette audience via des abonnements premium (itinéraires, coaching).
Un scénario optimiste pour 2030
Si la FFC applique les recommandations de la Cour, elle pourrait :
- Réduire son déficit de 30 % d’ici 2026 via une meilleure gestion des comités régionaux.
- Atteindre 120 000 licenciés (dont 30 000 femmes) en développant le vélo scolaire.
- Créer un fonds de dotation alimenté par des entreprises mécènes, sur le modèle de la Fédération Française de Cardiologie.
Conclusion : Un cap à tenir pour pérenniser l’héritage
La Fédération Française de Cyclisme se trouve à un tournant de son histoire. Son modèle, encore trop dépendant des deniers publics et de l’écosystème ASO, doit évoluer vers plus d’audace entrepreneuriale.
Les recommandations de la Cour des Comptes offrent une feuille de route réaliste, mais leur succès dépendra d’une chose : la capacité des dirigeants à fédérer clubs, sponsors et institutions autour d’une vision partagée.
Dans un pays où le vélo incarne tant les valeurs de résilience et de dépassement, la FFC a le devoir de devenir un exemple de gouvernance renouvelée. Et si, finalement, cette crise était l’occasion de réinventer le cyclisme français ?
FAQ
Quelles sont les principales conclusions du rapport de la Cour des Comptes sur la Fédération Française de Cyclisme (FFC) ?
Le rapport de la Cour des Comptes souligne que la FFC exerce sa mission avec qualité, mais elle est confrontée à des faiblesses financières et organisationnelles. Le déficit d’exploitation de 1,2 million d’euros en 2023 et la dépendance aux subventions publiques sont des points critiques. La Cour recommande d’améliorer la transparence, de renforcer le contrôle financier, et d’augmenter la proportion de licenciées féminines.
Pourquoi la FFC ne bénéficie-t-elle pas des retombées du Tour de France ?
La FFC ne possède pas les droits du Tour de France, qui sont détenus par l’ASO (Amaury Sport Organisation). Cela signifie que la FFC ne peut pas tirer de revenus directs de cet événement, contrairement à la Fédération Française de Tennis (FFT) avec Roland-Garros.
Quelles sont les recommandations clés de la Cour des Comptes pour la FFC ?
Les recommandations incluent : renforcer l’éthique et la transparence, optimiser les contrats de développement, mettre en conformité les comptes, contrôler les comités régionaux, clarifier les relations avec la filiale FVE, établir un plan stratégique quinquennal, et rationaliser la trésorerie.
Comment la FFC peut-elle améliorer sa situation financière ?
La FFC pourrait améliorer sa situation financière en diversifiant ses revenus, par exemple en développant des épreuves hybrides comme le gravel ou en capitalisant sur le vélo loisir. Des partenariats avec des entreprises comme Decathlon ou Strava pourraient également générer des revenus supplémentaires.
Quel est le pourcentage actuel de licenciées féminines dans la FFC ?
En 2024, seulement 18 % des licenciés de la FFC sont des femmes. La Cour des Comptes souligne la nécessité d’augmenter ce pourcentage pour incarner la diversité promue par les pouvoirs publics.
Quel est le rôle de la filiale France Vélo Événements (FVE) ?
La FVE est chargée d’organiser les championnats cyclistes. Cependant, la Cour des Comptes a critiqué l’opacité de ses relations financières avec la FFC, demandant la publication d’un pacte d’actionnaires pour plus de transparence.
Comment la FFC peut-elle augmenter sa part de femmes licenciées ?
La FFC pourrait augmenter la part de femmes licenciées en développant des programmes spécifiques comme “Elles Cyclent” et en organisant des ateliers mécanique réservés aux femmes. Un plan stratégique incluant des objectifs chiffrés est également recommandé.
Quel est le montant du budget annuel de la FFC ?
Le budget annuel de la FFC est d’environ 23 millions d’euros. Cependant, ce montant est insuffisant pour couvrir les besoins de l’institution, ce qui explique sa dépendance aux subventions publiques.
Quelles sont les conséquences de la dépendance de la FFC aux subventions publiques ?
La dépendance aux subventions publiques rend la FFC vulnérable aux fluctuations des politiques gouvernementales. Cela limite également sa capacité à investir dans des projets à long terme et à développer des initiatives innovantes pour renforcer son indépendance financière.
Je suis Nicolas, un trentenaire vibrant d'une passion débordante pour le vélo sous toutes ses facettes. Depuis plus de 10 ans, ma vie est rythmée au son des roues qui tournent, m'amenant à parcourir des milliers de kilomètres à travers le monde. Cette expérience m'a forgé une expertise que je souhaite aujourd'hui partager avec vous.
Mon parcours m'a conduit sur les routes françaises, notamment la vélodyssée lors d'un périple d'un mois qui a marqué le début de ma "carrière" de voyageur à vélo.
Ces expériences m'ont non seulement permis de tester mes limites, mais aussi d'acquérir des connaissances approfondies en mécanique vélo. Titulaire d'un CQP Technicien Cycle, je propose désormais des formations et rédige des articles techniques pour aider les cyclistes de tous niveaux.
Mon expertise s'étend également au cyclotourisme, au bikepacking et à l'utilisation du vélo en milieu urbain. Je suis convaincu que le vélo est le moyen de transport le plus efficace, économique et écologique pour nos déplacements quotidiens.
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