Le cyclisme français fait face à une crise majeure des sponsors, mais une initiative innovante redonne espoir. Ma Petite Entreprise, nouvelle équipe cycliste professionnelle féminine, a obtenu sa licence Pro Teams auprès de l’UCI pour la saison 2026. Ce modèle basé sur des centaines de TPE et PME pourrait transformer le sport.
La crise du cyclisme français
Le cyclisme français traverse une période tumultueuse. La chute de l’équipe Arkéa-B&B Hotels, l’annonce de la fin du partenariat entre TotalEnergies et son équipe à l’issue de la saison 2026, et la relégation de Cofidis ont plongé le peloton tricolore dans une morosité sans précédent.
Face à cette crise structurelle des sponsors, une initiative audacieuse a vu le jour : Ma Petite Entreprise, une nouvelle équipe cycliste professionnelle française qui repose sur un modèle innovant et révolutionnaire. Le 10 décembre 2025, l’UCI a validé sa demande de licence Pro Teams féminine (le deuxième échelon mondial), permettant à cette formation de débuter dès la saison 2026.
Qui sont les fondateurs de Ma Petite Entreprise ?
Ma Petite Entreprise est née de l’idée visionnaire d’Emeric Ducruet et Michaël Amand, tous deux chefs d’entreprises et passionnés de cyclisme. Leur constat était simple mais pertinent : le cyclisme professionnel dépend trop souvent d’un ou deux sponsors majeurs (pétroliers, financiers, ou souverains), créant une vulnérabilité structurelle.
Michaël Amand explique cette démarche : “Mais plus ça va, plus on a des entreprises issues du pétrole, de la finance ou des États qui financent les équipes. Nous, on s’est dit que ce serait bien d’être moins dépendants d’un seul ou deux sponsors, et de varier ses sources d’argent. Comme dans le monde de l’entrepreneuriat où on essaye de répartir ses œufs”.
Un nouveau modèle de sponsoring
Le concept de Ma Petite Entreprise est aussi original que pragmatique : au lieu de dépendre de quelques sponsors majeurs, l’équipe s’appuie sur plusieurs centaines de petites entreprises partenaires, avec un objectif d’atteindre plusieurs milliers à terme.
Les principes fondamentaux du modèle
1. Contribution flexible des TPE/PME/ETI
Les partenaires peuvent contribuer au projet selon leurs moyens et leur engagement :
- Une TPE peut verser 750 euros
- Une PME peut investir 50 000 euros
- Les montants restent libres et sans obligation
2. Aucune dépendance exclusive
Pour éviter la vulnérabilité qui a détruit Arkéa-B&B Hotels, une règle stricte s’impose : aucune entreprise ne peut représenter plus de 20% du budget total de l’équipe. Cette diversification garantit la pérennité même en cas de retrait d’un sponsor.
3. Visibilité et avantages pour les sponsors
Le maillot de l’équipe portera les noms de tous les partenaires (et pas seulement les sponsors titres). En contrepartie de leur investissement, les TPE/PME bénéficient de :
- Des mises en lumière sur les réseaux sociaux de l’équipe
- Un accès au réseau d’entreprises partenaires
- Des invitations à des événements exclusifs
- Des avantages variables selon leur niveau d’investissement
Budget et crédibilité : L’apport de Vincent Lavenu
Pour convaincre l’UCI—la partie “la plus compliquée” selon Michaël Amand—Ma Petite Entreprise a présenté un budget de 1,4 million d’euros et un projet sportif structuré.
La crédibilité de l’équipe repose largement sur la présence de Vincent Lavenu, fondateur et patron historique de l’équipe AG2R-La Mondiale de 1992 à 2022. Repoussé par la nouvelle direction de Decathlon-CMA CGM, Lavenu s’est engagé bénévolement auprès de Ma Petite Entreprise pour apporter son expertise et sa reconnaissance auprès du milieu cycliste professionnel.
Allocation of the 14 UCI Women’s WorldTour licences and 18 UCI WorldTour licences for the 2026-2028 period, and registration of the UCI Women’s ProTeams and UCI ProTeams for the 2026 season https://t.co/fjVv1gbi7f pic.twitter.com/iQ0bpGjmrN
— UCI_media (@UCI_media) December 10, 2025
Vincent Lavenu assure : “Il y a une stratégie à mettre en place et le réseau qui est important aussi. J’apporte ma pierre à l’édifice dans les relations avec les agents, les coureuses, les organisateurs. Il y a peut-être certaines filles qui sont rassurées par ma présence”.
Un effectif de championnes : Portraits et ambitions
Ma Petite Entreprise a annoncé le recrutement de dix coureuses pour démarrer la saison 2026, avant de monter à 12 éléments à l’avenir. L’équipe a volontairement misé sur des talents français, dont neuf athlètes de nationalité française.
Les coureuses de Ma Petite Entreprise
Parmi les recrues figure Célia Le Mouël, qui a participé au Tour de France et représenté la France aux championnats d’Europe en remplacement de Pauline Ferrand-Prévôt. On retrouve aussi Clémence Latimier, ancienne coureuse d’Arkéa-B&B Hotels, sauvée du chômage sportif par cette nouvelle formation.
La chute brutale d’Arkéa-B&B Hotels a laissé de nombreuses cyclistes sur le carreau. Vincent Lavenu reconnaît : “Malheureusement, la chute d’Arkéa laisse beaucoup de filles sur la touche, donc si on peut permettre à certaines d’entre elles de retrouver du travail, on se positionne”. Michaël Amand ajoute : “C’est terrible, mais les filles cherchent des contrats. On reçoit un ou deux mails par jour de filles qui nous disent qu’elles aimeraient venir chez nous”.
Le témoignage de Morgane Coston
Morgane Coston, venue de l’équipe suisse Roland la saison dernière, explicite l’intérêt du projet : “On s’aperçoit qu’une carrière ne tient pas à grand-chose, un sponsor qui vous lâche et c’est une équipe de 200 personnes qui disparaît. Au final, on s’aperçoit que pas mal de filles ont des problèmes dans leur équipe et cette nouvelle formation leur donne une seconde chance. En France on a beaucoup de filles qui ont du talent et c’est bien qu’elles puissent l’exprimer sur le vélo, en développant le cyclisme féminin professionnel”.
Équipements et partenariats techniques
Ma Petite Entreprise a sécurisé des partenariats avec des fournisseurs majeurs : vélos, casques, et lunettes de qualité professionnelle pour équiper ses coureuses. L’équipe a d’ores et déjà remporté des premières étapes de sa préparation, notamment un stage à Chambéry débuté le 8 décembre 2025.
Ambitions sportives : Du Tour de France au WorldTour
Objectif court terme : Le Tour de France 2026
Ma Petite Entreprise vise une invitation aux grandes courses dès 2026, notamment au Tour de France féminin. Michaël Amand affiche une confiance sereine : “On a d’abord une ambition d’être très pros dans l’organisation, et ensuite on veut des filles qui soient actrices de la course, il faut oser quitte à se planter, mais avec l’esprit entrepreneurial. Et quand on montre qu’on est sérieux, et quand on voit les équipes qui étaient invitées sur le Tour l’année dernière, on se dit qu’on est largement au niveau”.
Perspectives long terme : WorldTour et équipe masculine
Vincent Lavenu, nommé manager sportif, déclare : “On ne se fixe pas de limite”. L’équipe envisage une progression progressive dans la hiérarchie mondiale, avec un objectif d’atteindre l’élite du WorldTour à terme.
Ma Petite Entreprise compte aussi former une équipe masculine entre 2027 et 2028, une fois qu’elle aura acquis plus de légitimité avec son effectif féminin. Cette prudence stratégique répond à des contraintes réglementaires : le numerus clausus limite à 10 le nombre d’équipes professionnelles françaises masculines, et les grosses structures absorbent les jeunes talents dans leurs équipes de développement.
L’ambition finale est claire : une participation aux Tours de France hommes et femmes en 2030.
La position de Ma Petite Entreprise dans le paysage cycliste français
Avec sa licence Pro Teams féminine, Ma Petite Entreprise rejoint les autres équipes françaises féminines de cette division :
- Cofidis
- Mayenne Monbana my Pie
- St-Michel-Preference Home-Auber 93
À l’inverse, FDJ United-Suez demeure la seule équipe française féminine à évoluer dans l’élite du WorldTour.
Pourquoi ce modèle pourrait transformer le cyclisme français ?
Le modèle de Ma Petite Entreprise répond à une problématique structurelle majeure : la fragilité des finances du cyclisme professionnel basées sur la dépendance à de grands sponsors.
En dispersant le financement sur plusieurs centaines d’entreprises, l’équipe crée une résilience économique supérieure. Si un sponsor se retire, l’impact est minime (maximum 20% du budget). Cette approche s’inspire directement de la logique entrepreneuriale où la diversification des revenus est clé.
De plus, cette stratégie valorise les TPE/PME françaises en les positionnant comme partenaires d’une aventure sportive de prestige, tout en les intégrant dans un réseau professionnel actif. C’est une forme de mutualisation intelligente rarement vue dans le sport de haut niveau.
Conclusion : Une révolution douce du cyclisme professionnel
Ma Petite Entreprise n’est pas juste une nouvelle équipe cycliste. C’est une expérimentation de gouvernance sportive innovante, basée sur les principes entrepreneuriaux de diversification, transparence et résilience.
Face à la crise des sponsors et aux effondrements d’équipes comme Arkéa-B&B Hotels, ce modèle offre une alternative durable et inclusive. En s’appuyant sur le talent de Vincent Lavenu, sur des coureuses françaises de calibre international, et sur une mécanique de financement révolutionnaire, Ma Petite Entreprise pourrait bien devenir un case study pour le cyclisme français et international.
La saison 2026 sera décisive pour valider ce pari audacieux. Mais si Ma Petite Entreprise réussit à placer ses coureuses sur le podium du Tour de France tout en préservant son indépendance financière, elle aura fait bien plus que sauver quelques carrières cyclistes : elle aura transformé le modèle économique du cyclisme professionnel français.
Je suis Nicolas, un trentenaire vibrant d'une passion débordante pour le vélo sous toutes ses facettes. Depuis plus de 10 ans, ma vie est rythmée au son des roues qui tournent, m'amenant à parcourir des milliers de kilomètres à travers le monde. Cette expérience m'a forgé une expertise que je souhaite aujourd'hui partager avec vous.
Mon parcours m'a conduit sur les routes françaises, notamment la vélodyssée lors d'un périple d'un mois qui a marqué le début de ma "carrière" de voyageur à vélo.
Ces expériences m'ont non seulement permis de tester mes limites, mais aussi d'acquérir des connaissances approfondies en mécanique vélo. Titulaire d'un CQP Technicien Cycle, je propose désormais des formations et rédige des articles techniques pour aider les cyclistes de tous niveaux.
Mon expertise s'étend également au cyclotourisme, au bikepacking et à l'utilisation du vélo en milieu urbain. Je suis convaincu que le vélo est le moyen de transport le plus efficace, économique et écologique pour nos déplacements quotidiens.
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