TGV M : 8 places vélo contre 4 actuellement, la SNCF se limite au minimum légal européen6 minutes de lecture

Le TGV M, nouvelle génération de trains à grande vitesse imaginée par Alstom et déployée par la SNCF à partir de 2025, marque une évolution attendue du transport ferroviaire français. Plus économe, plus modulable, plus moderne… mais aussi limité dans ses ambitions pour les cyclistes.

Car si les nouveaux trains disposeront désormais de 8 emplacements vélo, contre 4 aujourd’hui, cette avancée ne serait qu’une obligation légale européenne, et non un réel engagement pour favoriser le voyage train + vélo.


Une évolution présentée comme un progrès… en apparence

La SNCF communique abondamment sur les atouts du TGV M, présenté comme un modèle de modernité et de performance écologique. Ce train, plus léger de 20% et 97% recyclable, promet une réduction de 50% des émissions de CO₂, un Wi-Fi 5G à bord et une modularité inédite permettant d’adapter les configurations de sièges, bagages et espaces vélos selon les besoins.

Mais côté cyclistes, le discours passe mal. Le doublement du nombre d’emplacements, passant de 4 à 8, peut sembler une avancée significative. En réalité, il s’agit simplement d’une mise à niveau réglementaire, la Commission européenne ayant imposé depuis 2025 la présence de 8 emplacements vélo minimum dans tout nouveau train mis en service au sein de l’Union européenne.


Le minimum légal, loin des ambitions européennes

Ce choix de la SNCF montre une approche minimaliste. Là où d’autres opérateurs européens – en Belgique, en Allemagne ou aux Pays-Bas – ont choisi d’aller bien au-delà du seuil imposé, avec parfois 12 à 16 places vélo par rame, la France se contente du strict nécessaire.

Selon la réglementation communautaire, tout train neuf ou rénové depuis 2025 doit offrir au moins huit emplacements pour vélos non démontés. L’objectif : encourager la mobilité douce et intermodale dans une Europe de plus en plus engagée sur le climat. En pratique, la SNCF respecte donc la lettre de la loi, mais pas forcément son esprit.


Les cyclistes espéraient plus

Les associations d’usagers, notamment la FUB et les collectifs régionaux de cyclistes, saluent la mise en conformité, mais déplorent le manque de vision. Le développement du vélo en France connaît une croissance record : les ventes augmentent chaque année, et de plus en plus de voyageurs combinent train et vélo pour leurs trajets de loisir ou domicile-travail.

Pour ces publics, 8 places par rame restent insuffisantes. Sur les longs trajets, notamment ceux opérant sur les lignes Paris – Lyon – Marseille ou Paris – Milan, la demande dépasse largement l’offre disponible. Chaque été, les places vélos s’arrachent dès l’ouverture des réservations, bien avant les billets voyageurs.


Une modularité utile mais limitée

La grande force du TGV M réside dans sa modularité. Le design intérieur du train permet de transformer des espaces bagages, fauteuils ou cabines pour créer temporairement d’autres usages, dont les emplacements vélos. La SNCF explique que ces espaces sont « ajustables », mais cette souplesse reste dépendante de la configuration initiale et des besoins d’exploitation.

En pratique, chaque rame disposera d’un seul espace dédié, situé en deuxième classe, accueillant jusqu’à 8 vélos entiers. Les vélos devront être réservés via le même système que les places passagers, avec une tarification spécifique — généralement autour de 10 € par trajet, comme sur les TGV actuels.


Un contraste avec les trains régionaux

Pendant que les TGV maintiennent une approche minimaliste, les TER et Intercités deviennent plus accueillants pour les cyclistes. Plusieurs régions françaises – BretagneOccitanieNouvelle-Aquitaine – proposent désormais la réservation gratuite ou prioritaire pour les vélos, parfois avec des rames pouvant accueillir 20 à 30 bicyclettes lors des périodes estivales.

Cette différence renforce l’idée d’un deux poids, deux mesures : les trains régionaux se montrent exemplaires, tandis que le haut de gamme du rail français reste conservateur.


Le TGV M, prouesse technologique mais vision limitée

Sur le plan industriel, le TGV M reste une prouesse. Entièrement conçu et assemblé en France, mobilisant 11 sites Alstom et plus de 4 000 emplois, il représente un bond en avant pour la décarbonation du transport ferroviaire.

Mais cette innovation s’accompagne d’une vision restreinte de la mobilité durable : un train du futur, certes, mais pensé avant tout pour le confort des passagers assis, pas pour la diversité des voyageurs, notamment les adeptes du vélo.


Une occasion manquée pour la SNCF

Au moment où l’Europe entière investit dans la mobilité intermodale, la SNCF aurait pu frapper un grand coup. En choisissant d’intégrer 12 ou 16 emplacements vélos par rame, elle aurait positionné le TGV M comme un modèle d’ouverture et de transition écologique.

Au lieu de cela, le respect du minimum légal donne l’impression d’un progrès en trompe-l’œil — d’autant que les enjeux climatiques et les attentes des voyageurs évoluent rapidement.


En résumé

  • Nom du train : TGV M (5ᵉ génération de TGV)
  • Capacité vélo : 8 places (contre 4 actuellement)
  • Motif du changement : obligation européenne de 2025
  • Mise en service : fin 2025, d’abord sur l’axe Paris–Lyon–Marseille
  • Caractéristiques : -20% d’énergie consommée, 97% recyclable
  • Critique principale : la SNCF se limite au minimum légal au lieu d’anticiper les besoins croissants des cyclistes.

Le TGV M est une réussite technologique, mais il symbolise aussi une transition manquée pour le vélo. Alors que la mobilité douce devient un pilier de l’avenir, la France choisit une voie prudente là où elle aurait pu tracer une trajectoire ambitieuse. Pour les voyageurs cyclistes, ce nouveau train ne change pas la donne : il ne fait que respecter la loi, pas le mouvement.

Photo de profil Nicolas Dayez

Je suis Nicolas, un trentenaire vibrant d'une passion débordante pour le vélo sous toutes ses facettes. Depuis plus de 10 ans, ma vie est rythmée au son des roues qui tournent, m'amenant à parcourir des milliers de kilomètres à travers le monde. Cette expérience m'a forgé une expertise que je souhaite aujourd'hui partager avec vous.

Mon parcours m'a conduit sur les routes françaises, notamment la vélodyssée lors d'un périple d'un mois qui a marqué le début de ma "carrière" de voyageur à vélo.

Ces expériences m'ont non seulement permis de tester mes limites, mais aussi d'acquérir des connaissances approfondies en mécanique vélo. Titulaire d'un CQP Technicien Cycle, je propose désormais des formations et rédige des articles techniques pour aider les cyclistes de tous niveaux.

Mon expertise s'étend également au cyclotourisme, au bikepacking et à l'utilisation du vélo en milieu urbain. Je suis convaincu que le vélo est le moyen de transport le plus efficace, économique et écologique pour nos déplacements quotidiens.

À travers ce blog, je m'engage à vous fournir des informations fiables et actualisées, basées sur mon expérience personnelle et des recherches approfondies. Que vous soyez débutant ou cycliste aguerri, mon objectif est de vous inspirer et de vous accompagner dans votre propre aventure à vélo.

Rejoignez-moi dans cette passionnante odyssée sur deux roues, où chaque coup de pédale est une nouvelle découverte !

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